Marronnier

Mircea Eliade, écrit : « Jamais un arbre n’a été adoré rien que pour lui-même, mais toujours pour
ce qui, à travers lui, se révélait, pour ce qu’il impliquait et signifiait.»
Au coeur de nombreux mythes et légendes, l’arbre est l’un des thèmes symboliques parmi les plus
riches et les plus variés. Il est souvent présenté comme un modèle de perfection, d’harmonie et de paix. Le
renouvellement annuel de son feuillage symbolise l’alternance des cycles vitaux. Par ses racines enfouies
dans le sol et sa cime dressée ver le ciel il relie les ténèbres et la lumière. Arbre de vie, arbre nourricier, ses
fruits évoquent l’abondance et la fécondité.
On plantait et plante encore l’arbre de mai pour fêter le retour impatiemment attendu du printemps.
Les arbres de commémoration, de célébration et de dévotion révolutionnaires sont les cousins de ces mais
païens, emblèmes revendicatifs, festifs et mémoriels.
Les premiers arbres de la liberté auraient été plantés dès 1790 dans le Périgord et le Quercy à la suite d’émeutes paysannes. Leur plantation sera ensuite officialisée et rendue obligatoire par la Révolution à partir de 1792. Sous l’Empire ils deviendront opportunément des arbres Napoléon, avant que leurs survivants ne subissent les foudres et les haches de la Restauration. Ce seront ensuite une succession de plantations (Trois Glorieuses et Révolution de 1848, 1870 pour le retour de la République, 1889 pour le centenaire de la prise de la Bastille, 1892 pour celui de la Première République), mais aussi d’arrachages autoritaires (1850).
A Saint Julien, le marronnier qui décore la place de l’église serait un survivant des arbres de la liberté
de la Révolution de 1848. Il aurait échappé à la campagne de remplacement par des croix expiatoires
des années 1850. L’isolement du village l’aurait protégé des outrages des réactionnaires et des cléricaux;
sauvetage probablement réalisé avec le concours de Lamponais qui n’hésitaient pas à braver l’autorité
comme ils le firent en 1870 lorsqu’ils brûlèrent les bancs de l’église réservée aux notables.
Il existe depuis 1818 à Genève un marronnier officiel dont l’éclosion du premier bourgeon indique
le début du printemps. Depuis 2015, c’est le quatrième marronnier qui officie et le printemps est toujours au
rendez-vous, comme la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité le seront encore lorsque le vénérable arbre
de la liberté lamponais aura été remplacé sur la place du village.

Cet article vous a-t-il intéressé ?

Recevez en avant première les actualités et les évènements de la commune en vous abonnant à notre lettre d’information. Vous pouvez à chaque réception vous désabonner, conformément à notre politique de confidentialité.

Loading...